.                      Eglise d'Aigueperse

Au XIème siècle, existait déjà une église qui dépendait du chapitre de Saint-Genès à Thiers. Le développement du bourg d’Aigueperse au début du XIIIème siècle, du fait de la construction du château de Montpensier sur la butte toute proche, entraîna la décision d’agrandir l’église primitive qui devint collégiale, suite à la fondation en 1253 d’un collège de chanoines — ou chapitre. De cette première moitié du XIIIème siècle datent le chevet et le transept, construits en pierre calcaire de Chaptuzat. C’est sans aucun doute une des toutes premières manifestations de l’architecture gothique en Auvergne, antérieure à la construction de la cathédrale de Clermont par Jean Deschamp, en 1248. Il ne reste rien de l’ancienne nef, plusieurs fois reconstruite, à laquelle était accolée une tour porche occidentale, sous laquelle passait la rue.

Le plan comprend : — Le chevet (ensemble architectural oriental de l’église) dont le vaste choeur est entouré d’un déambulatoire ouvrant initialement sur trois chapelles rayonnantes de forme pentagonale entre lesquelles viendront se greffer deux oratoires, l’un au sud (XIVème siècle), l’autre au nord (XVIème siècle) ; — un large transept : ensemble architectural formant les bras de la croix de l’église entre le chevet et la nef ; — une nef de six travées, construite en pierre de Volvic en 1880, et qui remplace celle déjà rebâtie après l’écroulement de la précédente en 1727.

L’élévation intérieure Le transept et le chœur présentent les trois niveaux caractéristiques des débuts de la période gothique : arcades en arcs brisés, galerie du triforium aux arcs trilobés, hautes baies. La nef, reconstruite au XIXème siècle, a été bâtie selon ce même parti. Compte tenu de la notoriété architecturale de cet ensemble, l’état lamentable des parois et des voûtes mériterait une remise en état des enduits, rongés par des moisissures.

 L’élévation extérieure Le chevet a perdu de son homogénéité par l’adjonction des deux oratoires intercalés cités plus haut, mais il n’en présente pas moins une belle élévation avec ses trois niveaux : chapelles rayonnantes, abside de chœur, clocher décalé bâti au XIXème siècle sur le bras nord du transept. On y observe l’évolution progressive d’un art gothique naissant qui se cherche, comme par exemple la présence de ces étonnantes colonnes à buste d’atlante, de facture encore un peu romane, sur la chapelle rayonnante méridionale. S’appuyant sur de fortes culées, s’élancent des arcs-boutants qui viennent contrebuter l’abside du chœur.

Le décor Des peintures de la fin du XIIIème siècle, situées essentiellement dans la partie haute du chœur et dans le bras sud du transept, développent des cycles iconographiques différents constitués de panneaux juxtaposés : celui du chœur, très dégradé, a pour thème central la Trinité ; ceux du bras sud du transept, où l’on reconnaît l’Annonciation, l’Annonce aux bergers, la Nativité, la Fuite en Égypte, le Baptême du Christ ; sur le mur oriental, des scènes de la Passion.

Un riche mobilier Capitale au temps des Bourbon-Montpensier à la fin du XVème siècle, Aigueperse avait acquis une importance qui justifie la présence de tableaux remarquables situés dans le déambulatoire et la chapelle nord ainsi que la trace de groupes sculptés. Une massive statue de saint Pierre, retirée depuis peu d’une niche située au bas de la Grand-rue, est apposée au mur oriental du bras sud du transept et on peut voir, dans le bras nord, une belle pierre tombale aux armes de Charles de Marillac, archevêque de Vienne et ambassadeur de France à Constantinople. Depuis le synode du diocèse de Clermont, achevé en 2001, Aigueperse est le siège de la paroisse Saint-Bénilde en Limagne, qui regroupe 27 églises.

 D. de Larouzière